Je ne sais pas vous, mais moi je me pose souvent la question du pourquoi je suis là. Cela ne veut bien évidemment pas dire que je ne veux pas être là, au contraire. J’ai jusque-là eu la chance d’avoir une vie plutôt agréable et je ne suis pas pressé qu’elle s’arrête. Là je pense plutôt au sens donné, à la vie, à des actes. Le petit ou gros truc qui fait avancer les choses… qui joue même sur le destin de l’humanité… Mais restons raisonnables, ne voyons pas trop grand.
Certaines personnes ont réalisé de grandes choses et là, on pense tout de suite à des Coluche ou Balavoine, pour ne parler que d’eux, ils ont été à la tête d’actions humanitaires importantes, et pfff ! Les projets lancés, où tout tournait, hop ! Ils disparaissent de ce monde et en plus, ils disparaissent jeunes.
Que ce serait-il passé s’ils avaient vécu jusqu’à quatre-vingt-dix ans ?
Personne ne le saura jamais, bien sûr, mais peut-être était–il nécessaire justement qu’ils disparaissent jeunes, en pleine gloire, pour laisser derrière eux une œuvre qui par ailleurs existe toujours. On sait ce que sont devenus les Restos du Cœur, un chainon indispensable aujourd’hui pour ceux qui n’ont rien. Et l’œuvre de Balavoine aussi, trente-cinq ans après, perdure au Mali, où il s’était engagé pour rendre les populations autosuffisantes.
Ces deux-là ont eu des parcours exceptionnels stoppés trop tôt.
Ok ! Ils ne sont pas les seuls, heureusement il y en a quelques autres, mais il ne me semble pas, que cela représente une foule énorme.
Alors ! Et nous là-dedans ?
Ben oui ! Et nous ? Moi je ne suis pas pressé, comme je le disais plus haut, de disparaitre. J’espère même arrivé aux quatre-vingt-dix balais dont je parlais précédemment. Je sais que je ne laisserai pas derrière moi un truc grandiose. Mais je pense que la vérité est ailleurs, comme le disait Fox Mulder.
Chaque geste que nous faisons à une conséquence. Notre quotidien est fait de petits gestes, de petites ou même de grandes actions qui ont des conséquences sur des choses ou des gens. Je crois que c’est plutôt là que ça se passe. Et là c’est vrai pour tous.
Il n’est même pas question d’imaginer que tout le monde fait uniquement de bonnes actions. Il y a des personnes qui portent en eux, tout un tas de trucs négatifs et dont le plaisir est de faire du mal et de rendre les autres malheureux.
Est-ce que cette sorte de pourriture fait avancer le schmilblick ? (Tient, on en revient à Coluche !) La réponse est non. Par contre, ceux qui se battent contre cette pourriture d’âme font avancer les choses et le bien.
D’ailleurs en écrivant cette phrase, une idée s’impose à moi. Alors c’est quoi finalement le fond du problème ? C’est peut être, justement de faire avancer le Bien.
La bataille du Bien et du Mal.
Je ne pensais pas à ça, lorsque j’ai commencé à écrire. Il est un fait, les deux exemples pris plus haut, avec ces deux artistes, leurs œuvres n’ont comme finalité que de faire le bien. Je doute qu’un acteur du Mal, par exemple un tyran qui fait fusiller ses opposants à tour de bras, fasse avancer l’humanité, il la fait reculer.
Le Bien et le Mal, on connait ça très bien. Chacun de nos actes est réalisé en notre âme et conscience. Et nous avons, je crois, un outil nickel pour ça, qui est la notion de culpabilité.
La Culpabilité est un truc très étrange que nous avons parfois des difficultés à domestiquer. Combien de fois nous avons eu un proche dans la douleur et nous avons été assaillit par une sorte de culpabilité, celle de justement ne pas être dans la même douleur. Penser qu’il y a, à ce moment-là, un sentiment d’injustice et que nous devrions y prendre notre part. Dans tout ça, c’est notre éducation qui parle.
Bien évidemment quelqu’un qui est malade, d’un cancer, par exemple, on peut avoir de la peine et même beaucoup, avoir de la compassion, mais de la culpabilité non. Cette maladie, fait partie de sa vie, de son parcours, pas du nôtre. Nous devons l’accompagner au mieux, mais ne pas culpabiliser, parce que ce n’est pas l’enjeu. Et c’est, à mon sens, pervertir le sentiment de culpabilité.
A quoi ça sert alors…
Je pense qu’il faut voir la culpabilité comme un garde-fou. C’est ce qui fait que l’on sait ce qui est bien et ce qui est mal, c’est aligné avec ce que nous sommes. Je prends quelques exemples.
Je croise un ami, autrement dit c’est quelqu’un que j’apprécie. Il me dit bonjour et moi, je l’envoie balader, comme ça sans raison. Sans imaginer la suite de cette rencontre, je sais que je vais culpabiliser de l’avoir froissé. Parce que ma réaction était mauvaise. Et il en est de même d’ailleurs, si ce n’est pas un ami mais un inconnu, c’est la même chose. On ressent instinctivement que c’est mal de froisser volontairement quelqu’un.
En marchant dans la rue, un homme laisse tomber son portefeuille, une personne le ramasse et le garde en espérant qu’il contienne de l’argent. La personne qui agit comme ça, en théorie, va culpabiliser… Oui mais pas beaucoup, elle sait que ce qu’elle a fait Mal. Et c’est là ou intervient la ligne tenue entre le bien et le mal, elle va penser « c’est mal mais ce n’est pas grave… » Le genre de justification que l’on se donne. Au-delà du fait que c’est peut-être grave pour l’homme qui a perdu son portefeuille.
Une caissière rend trop de monnaie à la caisse, ne rien dire est mal, parce que lors des comptes, c’est elle qui va être pénalisée. Culpabilité mais faible. Là encore certains diront, ce n’était pas beaucoup et ce n’est pas grave.
Et lorsque l’étiquetage d’un produit est erroné, que vous passez en caisse et que le prix est bien inférieur à la normale ? Moi je vais vous dire ce que je fais, je ne dis rien, parce qu’à la fin de la journée les comptes seront exactes, facturé tant, encaissé tant. La caissière ne sera pas embêtée. Bien sûr, quelque part, je vais culpabiliser et dire ce n’est pas grave, le différentiel du montant pour un grand magasin passe par perte et profit et c’est vrai que cela ne se passe d’ailleurs que dans de très grands magasins, le petit commerçant, lui connait le coût des choses et ça n’arrive quasiment jamais.
Donc oui, il y a une ligne entre le bien et le mal et la ligne de culpabilité n’est pas pour tous, exactement la même. Bien sûr, culturellement, nous évoluons, plutôt dans un milieu où cette ligne est très proche. Je suis à peu près certain que si nous faisons l’exercice d’un questionnaire avec de nombreux exemples, quasiment tout le monde donnera les mêmes réponses, parfois, avec une petite différence à la marge.
Dans le combat du Bien contre le Mal, nous pouvons donc faire confiance à cette ligne de culpabilité pour guider nos actes au quotidien.
Bon, je suis parti bien loin du sujet de ma pensée initiale et la question : Pourquoi sommes-nous là ?
Ça serait donc pour que, collectivement, par nos actions, nous suscitions le bien, ce qui ferait un bilan positif au bout du compte, un petit pas pour l’humanité.
Pas mal hein ?
C’est l’option du Créateur qui a assigné un rôle à chacun d’entre nous, pour que nous puissions individuellement apporter notre pierre à l’édifice.
Oui ! Mais il y a les autres, ceux qui ne sont pas du tout d’accord avec ça.
Pour eux le Créateur n’est que l’évolution et la combinaison d’atomes de schmurtz et de bichnouf, que l’homme est en fait un accident qui a bénéficié d’un environnement propice à son évolution au travers des millénaires. Dieu ou quel que soit le nom qu’on lui donne, quelle que soit la religion, n’y est pour rien, tout cela relève de constructions intellectuelles, les atomes, eux sont tangibles.
Par conséquent, si l’homme a eu du bol d’être là, que c’est accidentel, alors cela signifie que nous ne sommes pas là pour quelque chose. Nous sommes là tout simplement, point, barre. Et tant mieux si quelques-uns d’entre nous s’investissent dans de grandes causes, c’est bien ainsi. Mais il n’y a pas de mission dévolue à chacun de nous.
Mince alors… Bref je ne serais là, que parce qu’il y a longtemps, l’hiver était rigoureux et que mes parents ont décidé de se tenir chaud ? Pour que quelques mois plus tard, un mercredi matin du mois d’août, à l’aube, je déboule pour faire +1 sur la planète ! Il n’y aurait que ça ? Pas de mission divine. Je serais né pour « rien » Enfin, pour plein de choses en réalité, mais bof ! C’est sûr qu’il vaut mieux bien la vivre cette vie, s’il n’y a pas d’enjeu supérieur.
Mais quand même, tout ce que j’ai raconté avant, le Bien versus le Mal, nos actes, cette ligne de culpabilité… Ça existe non ? Alors c’est que je peux choisir le sens à donner à mon avenir. Et je préfère de loin, qu’il cumule plein de petites actions et pensées positives, parce qu’au moins je le vis et le vivrais bien. Et je pense que nous sommes nombreux à le vivre ainsi.
Et… Tant mieux si l’homme est un accident de Schmurtz et de Bichnouf !
De toute manière, j’ai toujours tendance à dire que mon verre n’est pas à moitié plein, mais qu’il est aux deux tiers plein.
5 réponses
J’aime bien le concept de ligne de culpabilité comme garde fou entre le Bien et le Mal. Mais je ne suis pas d’accord avec vous, si vous faites un questionnaire avec des exemples, il est fort à parier que vous serez surpris par les réponses, parce que des sans scrupule, j’en croise toute la journée au bureau… Ma ligne n’est pas la même que la leur, et de loin… En plus tous les sans scrupule ne bossent pas tous dans ma boîte, heureusement !
Bonjour Olorani64, heureux de vous revoir en ligne.
Je comprends votre remarque. Il est vrai que des « sans scrupule », il y en a, et j’en ai aussi un certain nombre qui gravitent dans mon secteur. Sans doute avez-vous raison, les réponses au questionnaire pourraient bien montrer plus que des écarts à la marge. C’est mon indécrottable optimisme en la nature humaine qui me joue parfois des tours.
Ce garde fou, n’est pas figé et nous avons tous notre culture et une éducation différente. Ce que voulais dire est que nous évoluons tous dans un milieu « social » rassemblant des gens qui se ressemblent, et là les marges sont sans doute moins marquées.
J’aime bien la BD, ça résume bien. Pour nous les mecs. Descendre les ordures est bien une tache divine qui nous est donnée… 🙂
C’est pas faux… C’est aussi une tâche dont je m’acquitte. C’est une tâche au quotidien que nous devons faire, un petit acte pour lequel lorsque je le réalise, j’accepte de le réaliser (Oui ! je descends les poubelles) Alors ça colle… Une petit truc que l’on fait, qui quelque part nous permet d’avancer. Pour la mission divine, faut voir… Disons que garder les ordures à la maison, c’est pas non plus un objectif.
😂 👍