N’avez-vous pas remarqué que cette phrase, on l’entend souvent ? Et même trop souvent. C’est une manière d’éviter de dire « Je vous prie de m’excusez » ou « Je vous demande pardon ».
Lorsqu’on prononce le « Je suis désolé » on s’absous sois même. J’ai renversé un verre ou autre, désolé ! J’ai roulé à cent-quatre-vingts kilomètres heure dans les rues d’une ville et j’ai fauché un gamin qui traversait, désolé ! Bref on le met à toutes les sauces.
Il est vrai que d’avoir causé la mort d’un enfant par pure bêtise, doit ronger l’âme et que bien souvent, au procès, devant la famille, il y en a qui finissent par demander pardon, mais le premier réflexe est toujours le même, à savoir l’auto-absolution. C’est facile et ça dédouane, au moins pour l’immédiat. J’étais pressé, je n’ai pas fait attention… Tout un tas d’excuses foireuses sont déversées comme justification.
Depuis très jeune, il y a maintenant, bien longtemps, il y a une devise que j’ai fait mienne.
« Fais ce que dois, advienne que pourra »
Cette devise était gravée au-dessus de la porte d’entrée du club de gymnastique auquel j’étais inscrit dès mes huit ans. Cette devise est très puissante, elle nous pousse à être en accord avec soi-même et de donner le meilleur de nous et, ensuite il en advient ce qu’il en advient. Mais dans tous les cas, nous aurons fait de notre mieux.
Cela disait à tous les jeunes gymnastes que nous étions, entraîne toi le mieux que tu peux, tu trouveras toujours de la satisfaction, parce que cela te rend meilleur. Rien ne dit pour autant que tu seras premier au concours, mais peut-être le seras tu, et tu auras tout fait pour ça.
J’ai conservé plusieurs décennies plus tard cette devise. Entre-temps j’ai appris autre chose, une chose qui a mis un certain temps à faire tilt dans mon esprit. Cela s’appelle
« L’acceptation du OUI ».
C’est pour moi, une couche que j’ai ajouté à ma devise. Alors c’est quoi encore ce truc ? Une chose très simple. Très simple, mais il faut l’intégrer et l’appliquer.
Lorsque je fais ou je dis quelque chose, en fait je dis « Oui » je dis ça et « Oui » je fais ça. Et lorsque cette « décision », « validation » appelé le comme vous voudrez, est donné, le sens de ce que je dis et ce que je fais est pleinement accepté. Cela signifie bien sûr que ce que je dis ou ce que je fais, et bien, j’en assume pleinement les conséquences, parce qu’au moment de l’acte, j’étais d’accord.
Par ailleurs, cela vaut aussi lorsque nous disons non ou ne faisons pas quelque chose. Pour simplifier : « Oui » je dis Non ! Et « Oui » je ne fais pas quelque chose.
Deux exemples simples.
Mon patron me demande d’envoyer un contrat à un client, je décide de ne le faire que deux jours après. Au final, délai dépassé, cacophonie, prise de bec avec le client pas content, entrée en jeu des juristes etc…
Je vais dire quoi moi ? « Désolé ! » Surement pas, je peux me confondre en excuses, ça oui, mais je ne suis pas désolé, simplement parce que le fait d’envoyer ce contrat deux jours après, c’est moi qui l’ai décidé et que j’étais d’accord avec moi-même. Par conséquent, il faut que j’en assume les conséquences.
Je sors en boite (Oui je sais elles sont fermées pour le moment, c’est un exemple). Je m’amuse, je danse jusqu’au trois heures du matin, j’ai particulièrement arrosé la soirée. Le lendemain matin, comme il se doit j’ai mal aux cheveux.
Je ne vais pas cesser de me plaindre d’être fatigué et d’avoir d’affreux maux de tête ? Surement pas, parce que cette soirée, je l’ai voulu, et j’ai accepté de beaucoup boire et de me coucher tard. Alors pas la peine de se plaindre, il faut simplement l’accepter, il s’agit là de conséquences d’un acte volontaire, et je n’en suis pas plus désolé, cela pervertit le plaisir que j’ai eu à cette soirée.
En réalité, cette expression « je suis désolé » devrait être bannie, elle n’est que le reflet de ne pas assumer ces gestes et ses propos.
Ecoutez bien la prochaine fois où vous entendrez quelqu’un prononcer cette phrase, une minuscule analyse vous dira qu’en fait cette personne n’est absolument pas désolée, elle ne fait que se dédouaner, elle s’auto-absout.
Pas plus tard qu’hier, j’attendais quelqu’un qui est arrivé avec vingt minutes de retard à notre rendez-vous… « Désolé ! Pour le retard » Ben non, t’es pas désolé, tu es en retard c’est tout. Elle aurait pu s’excuser pour le retard… Mais ne l’a pas fait…
Bon ! C’est pas tout ça, moi je vous laisse, j’ai un truc sur le feu, désolé !